Un mercenaire en Irak

"Ladies and gentlemen, Mesdames, Messieurs, nous sommes ravis d'accueillir ce soir dans notre école d'anglais quelqu'un dont l'expérience est aussi atypique que passionnante. Après avoir été soldat de nos forces armées pendant 15 ans, cet homme a été recruté en tant que mercenaire (security detail) par une société de protection privée en IraK. Cet homme a survécu aux bombes, il a survécu à la solitude, il a survécu aux attaques, et il est venu ici, dans notre école, améliorer son anglais afin de renforcer sa capacité à se coordonner avec les américains sur d'autres théâtres d'opération. Ladies and gentlemen, Mesdames, Messieurs, je vous présente Mike !"

Mike est un grand gars de 35 ou 38 ans, le cheveu ras, le regard aiguisé, la démarche souple de ceux qui ont vécu leur vie aux grand air et ne le regrettent pas. Son premier témoignage est poignant. Il nous projette un petit film et nous l'accompagnons pendant 5 minutes lors de l'escorte d'un convoi des nations unies à travers les rues d'une ville irakienne. La radio crépite sans cesse - en anglais off couse - entre les différents groupes de mercenaires. La tension est palpable. Chaque camionnette, chaque bouche d'égout est soupçonnée de cacher une bombe. Le convoi ralentit par moment puis accélère brutalement sans qu'on en comprenne nécessairement les raisons. 

L'auditoire est scotché. Des étudiants et des étudiantes, des professionnels de tous âges et de tous types d'entreprise dont le seul point commun est de vouloir apprendre l'anglais. Rien dans leur expérience ne les a préparé à vivre en direct une petite tranche de guerre en Irak. Mike joue bien son rôle. Son anglais est approximatif dans sa grammaire, mais il est volubile. De toute façon, son sujet est tellement captivant que personne ne fait attention aux erreurs. Il nous emmène voir sa "base" et la chambre qu'il a occupé pendant plus d'un an. Murs anti kamikazes, barrières de sécurité, barbelés. La solitude est poignante. On le voit avec ses copains, ses potes, les personnalités protégées, et encore pour terminer, dans un petit film de tous les dangers. 

Any questions ? Avez-vous des questions ? Le but de ces activités de conversation anglaise n'est pas tant d'écouter un conférencier que de stimuler les discussions. Une large plage est donc réservée au débat à l'issue de la présentation. Et le public de Montpellier a du répondant. Ils veulent savoir ce que Mike a ressenti. S'il avait peur. S'il y retournera. Mike reste lui-même. Ses réponses sont directes, franches. Non il n'y retournera pas. Il a maintenant les yeux sur le Niger qui est plus lucratif. Et c'est pour ça qu'il prend des cours d'anglais.